Coucou les rêveurs,
Une des erreurs les plus fréquentes dans la quête des
RL de type
WILD et ce, quelque soit le type de
WILD, est le fait de se lancer le soir au coucher, c’est-à-dire au premier endormissement.
On en parle souvent sur le forum, mais il n’y avait pas de post consacré à expliquer en détail le pourquoi du comment, car si certaines raisons sont connues, d’autres sont beaucoup moins évidentes.
Dans une vidéo de lucidology101, partagée tout en bas de ce post, Nicholas Newport raconte tout au début que parmi les questions sur le net concernant le
WILD, beaucoup commencent par “
hier soir, je me suis couché en essayant de faire un WILD…”. Il explique ensuite qu’à ce stade, ils ont déjà fait la plus grosse erreur.
C'est pourtant compréhensible : au coucher on est très alerte car on vient d'être éveillé toute la journée, on a en général facilement des hallucinations hypnagogiques, et en plus on est très motivé, contrairement au milieu de la nuit quand on est assommé par le sommeil. Cependant, ces conditions ne sont avantageuses qu'en apparence.
Selon lui c’est le faux pas n°1 que presque tous ceux qui se lancent dans le
WILD font (évidemment, vu comme on martèle de plus en plus que c’est un cul-de-sac, moins de gens tombent dans le piège

).
Cela s'explique par plusieurs phénomènes physiologiques. Il est important de garder en tête que contrairement aux
RL de type
DILD, qui dépendent
a priori majoritairement de notre intention, esprit critique, mémoire… en bref, pas mal de notre motivation/conviction consciente, les
RL de type
WILD, eux, dépendent aussi (voire surtout !) des conditions dans lesquelles on se trouve, et non seulement de notre intention.
1) La première raison, la plus évidente, concerne les phases du sommeil, indépendantes de notre contrôle.Un topic détaille déjà leur fonctionnement ici :
Tout savoir sur les différentes phases du sommeil.
Ce qu’il faut retenir, c’est que chaque cycle dure environ 1h30 et qu’il est séparé en 5 phases. La dernière de ces phases correspond au sommeil paradoxal pendant lequel on rêve le plus, et où l’on rencontre le plus les
WILD. En dehors de cela – donc en sommeil lent – ils sont réalisables mais pas tellement exploitables.

Or, comme ce graph le met bien en avant,
cette 5ème phase qui nous intéresse pour le WILD s’allonge au fil de la nuit. Elle est très courte au premier cycle, ce qui signifie qu’elle est également très éloignée de l’endormissement. Comme c’est elle qui clôture le cycle, globalement si elle dure 5-10 minutes cela signifie qu’il faudra attendre 1h20-1h25.
Cette raison suffit à rendre le
WILD très improbable au coucher, car rester conscient pendant le sommeil lent est loin d'être une activité aisée, à part pour quelques yogis qui y consacrent leur vie. En plus de cela,
le sommeil paradoxal est raccourci car c’est le sommeil lent profond (stades 3-4) qui est le plus important, il est très compliqué de rester conscient pendant ces phases tant le cerveau s’endort profondément.
On est vraiment dans des conditions presque inverses à celles qu’on vise.
2) La deuxième raison moins connue est biochimique et plus précisément hormonale, même si elle est aussi liée à l’horloge biologique et au rythme circadien comme les cycles.
Comme c'est très clairement expliqué dans la vidéo de lucidology101, je me suis permis de traduire directement ce que Nicholas y explique concernant ces hormones :
Les deux substances principales impliquées ici sont la sérotonine et la mélatonine.
La sérotonine est votre bouton "on", elle vous permet de rester alerte et lucide, c'est un neurotransmetteur de "bien-être" qui aide les neurones du cerveau à transmettre des signaux plus facilement.
Votre corps utilise cette sérotonine pour produire la mélatonine, qui, elle, est votre bouton "off" et vous permet de vous relaxer. C'est cette mélatonine qui demande à votre corps de s'éteindre pour dormir et se régénérer. De plus, elle stimule le système immunitaire et est associée à une hormone de croissance et anti-âge. C'est également un anti-oxydant.
La sérotonine est fabriquée quand votre corps est exposé à la lumière du jour. La mélatonine quant à elle est produite pendant la nuit à partir de la sérotonine.
La mélatonine disparaît lorsqu’elle est exposée à la lumière, ce qui crée le rythme circadien de mélatonine.
Au coucher, vous avez très peu de mélatonine. Elle commence à croître au crépuscule, atteint son pic entre 2 et 4h du matin [selon l'heure de coucher cela varie], puis décroît à nouveau à l'aube.
L'autre ingrédient secret est le cortisol, qu'on surnomme l'hormone "lutte ou fuite". Le taux de cortisol diminue au fur et à mesure de la journée, puis augmente à nouveau au petit matin, pour vous préparer au réveil. L'interaction entre le cortisol et la mélatonine crée un "sweet spot" [littéralement : la meilleure opportunité] pour favoriser un WILD/une OBE au petit matin.
Ce "sweet spot" se situe entre 4h et 5h30 [encore une fois ces horaires changent selon votre heure de coucher]. Pendant cette période, la relaxation est facilitée par le taux de mélatonine encore relativement élevé, ainsi que par le sommeil des heures précédentes.
De plus, l'état d'alerte [ou le niveau de conscience] est suffisamment important car le cortisol entraîne avec lui deux autres stimulants appelés epinephrine et norepinephrine. Ces stimulants ont pour rôle d'aider à vous réveiller, mais dans le cas présent ils peuvent être utilisés pour l'esprit critique et la lucidité en rêve.
En bleu la tendance générale du taux de
mélatonine, en rouge celle de la
cortisol
Le coucher est le pire moment pour les WILD/OBE, car la chimie du cerveau ne permet pas du tout la lucidité à cette période de la nuit.
Au contraire, nous sommes programmés pour succomber à l'inconscience, ce qui arrive toujours aux personnes qui s'en plaignent sur les forums.
Au coucher, vos taux de cortisol et de mélatonine sont très bas. Le temps que vous soyez suffisamment relaxés pour vous endormir, votre cortisol aura tellement diminué que vous n'aurez quasiment aucune chance de maintenir ou regagner la conscience/lucidité. C'est donc la mauvaise marche à suivre.
3) Une troisième raison qui rend le moment du coucher défavorable à la pratique du
WILD est qu’à moins d’avoir le sommeil léger et/ou d’y être habitué, on se réveille rarement en fin de premier cycle. Évidemment on a des micro-éveils à chaque fin de cycle, premier compris, mais il est malgré tout celui dont on se souvient le moins, voire pas du tout. On n’émerge presque pas, on ne reprend même pas conscience la plupart du temps. Cela n’est bien sûr pas valable pour tout le monde mais c’est la règle générale.
La raison pour laquelle on se souvient plus nettement de nos rêves en fin de nuit, c’est que le sommeil paradoxal y est plus présent et aussi qu’on est plus à même de se réveiller plusieurs fois.
Cela pose donc problème dans la remémoration onirique : en plus d’être très improbable, le WILD de premier cycle serait donc bien plus difficile à garder en mémoire. Le risque serait d’en réaliser un, mais de ne pas s’en souvenir.Il ne s’agit pas ici de montrer que le WILD au coucher est impossible, car il ne l’est pas. D’ailleurs, dans la vidéo de lucidology, Nicholas explique bien qu’il a réussi quelques
WILD au coucher (moins de 10). Sur notre forum, il y a notamment Zarly lui-même qui est capable de faire des
WILD au coucher, sachant qu'il fait figure d'exception, étant naturellement sujet à la
PS le soir.
Il s’agit seulement de montrer que c’est une mauvaise idée parce que c’est le pire moment pour s’y mettre, il y a des timings bien plus judicieux qui évitent de perdre du temps et de l’énergie. Pour illustration, Nicholas a réussi plus d’un millier de
WILD au petit matin, il n’y a qu’à comparer les deux chiffres pour comprendre la différence frappante.
Les chances de réussir un WILD sont bien plus importantes après avoir dormi quelques heures afin d’avoir dépensé la plupart du sommeil de stade 3-4, et ainsi d’avoir une phase paradoxale plus longue et plus à portée. Selon le type de
WILD employé, et selon les personnes, l’interruption de sommeil pourra être très courte ou au contraire il faudra un véritable
WBTB dans les règles.
Les siestes peuvent elles aussi permettre des endormissements conscients facilités, selon le type de sommeil qu’on y rencontre. Si vous rêvez facilement en sieste, c’est bon signe pour les
WILD.
Pour ceux que ça intéresse voilà deux sources de vulgarisation où vous pouvez trouver des explications plus exhaustives :
La vidéo de lucidology ; il y a dans une deuxième partie des conseils sur le
WILD et le
WBTB)
Des archives site de recherches sur le sommeil à Lyon ; il y a plein d'infos sur le sommeil, les cycles, les troubles, etc. dont :
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Des explications sur l'endormissement -
Des exemples de pic d'activité hormonale ; dont le cortisol -
Des explications sur l'enchaînement des cycles et sur les microéveils très légers en début de nuit(Merci SRV pour la correction !)