Tes remarques vont dans le sens de mon expérience, Bahamut. J'ai aussi des problèmes de vision super fréquents en RL et je pense que ton hypothèse est la bonne, à savoir que ce "problème" est quasiment toujours présent en rêve, que ce soit en RL qu'en RN, mais qu'à la lumière de la lucidité, il soit plus flagrant. Ceci dit, je l'explique aussi par une autre notion qui me semble importante à ce sujet et que Lune a évoqué : la présence en rêve.
Je pense que l'un des plus grands enjeux du rêve lucide ou de toute pratique liée à la lucidité dans le sommeil (voir les yogas tibétains du rêve et du sommeil), c'est la présence.
Ce qui nous frappe en premier lorsqu'on devient lucide, en plus de cette formidable vision, c'est qu'on est là. Cet arbre est vraiment devant moi, je peux le toucher, regarder mes mains comme si elles étaient réelles, toucher un mur et ressentir toutes les aspérités, parler à un proche et croire dur comme fer que c'est le vrai et pas un PR. Tout est réel. Je suis réel, ce rêve est réel, ce décor est réel. Qu'est-ce qui différencie un RL de la réalité, en terme de ressentis et de perceptions par nos sens habituels ? Vraiment pas grand chose. Et c'est ça qui rend la tâche difficile d'ailleurs (prendre conscience que tout est illusoire, mais on s'égare). A quoi ça sert de se regarder les mains si ce n'est pas pour nous dire : "Je suis bien là" ? C'est ce qu'on vise tous ici en tant que rêveurs lucides, cette magnifique capacité que le cerveau a à nous représenter les objets de la vie de tous les jours avec le plus parfait réalisme, et ça passe avant tout par la présence au monde onirique, d'où les conseils de stabilisation au début de chaque RL.
Sans avoir peur de m'éloigner du sujet, j'en profite pour parler des mes demi-rêves que je fais si souvent en grasse matinée et qui me semblent être le produit d'un stade de sommeil différent du sommeil paradoxal. Ces sortes de rêves mi-pensés mi-fantasmés sont des rêves dans lesquels je suis à moitié présent, ce qui leur confère d'ailleurs un réalisme assez pauvre. On peut tout simplement les appeler des rêveries élaborées, comme celles qui nous traversent l'esprit quand on se balade à pied dans la rue. D'où mon hypothèse que ce genre de rêves se produit pendant le sommeil lent léger (la balade et le sommeil lent léger doivent sûrement présenter le même type d'activité cérébrale, en terme d'EEG). Le sommeil léger est beaucoup présent le matin. Sur une nuit normale de sommeil, on aura passé un quart du temps en sommeil lent profond, un quart du temps en sommeil paradoxal et l'autre moitié du temps en sommeil lent léger. Cette base scientifique, en plus de nous faire comprendre qu'on passe beaucoup plus de temps en sommeil lent (léger ou profond) qu'en sommeil paradoxal, nous permet de jeter une lumière sur ce qui se passe dans notre esprit au cours d'une nuit. A savoir qu'on passe les 3/4 du temps de sommeil à rêvasser, être "ailleurs", se disperser contre 1/4 seulement du temps de sommeil à passer dans un monde de rêve totalement immersif, donc principalement visuel et perceptif. Sans ajouter que pendant la grasse matinée, il y a presque autant de sommeil lent léger que de REM.
Ce que nous disent aussi ces chiffres, c'est que le matin, ayant épuisé tout le stock de sommeil lent profond, on passe autant de temps en rêverie (sommeil lent léger) qu'en rêve (sommeil paradoxal), soit à la fin d'un rêve lorsqu'on revient sur les événements oniriques et qu'on les analyse à la lumière de notre raison qui s'éveille doucement, soit au début d'un rêve lorsqu'on nos pensées diurnes deviennent de plus en plus décousues et que l'imagination se met à travailler progressivement en roue libre pour déboucher sur un rêve formé. Tout ça pour dire que viser la stabilité d'un rêve de manière durable est assez périlleux. Il n'y a qu'à voir les longs récits de RL, ils sont rarement exempts de FE, de micro-éveils, d'ellipses, de passages intermédiaires (PS, imagerie hypnagogique), d'endroits un peu moins lucides, d'endroits carrément pas lucides, etc...
Avec tous ces éclaircissements, on voit vite que le problème de vision devient (ou n'est qu') un problème de stabilité, d'ancrage, de présence au monde onirique, malgré les petites imperfections visuelles (angles morts, taches noires, vision limitée, etc...) qui viennent gentiment pourrir pas mal de nos RL mais qui sont pour la plupart facilement gérables (par exemple dans mon dernier RL, j'ai fait semblant de croire que l'absence de ma vision périphérique était provoquée par la présence d'une capuche sur ma tête, que j'ai facilement repoussée, ce qui a solutionné le problème).