Ça a commencé sur LD4all en 2007 quand j'ai découvert le RL, en cherchant des infos sur la PS. J'ai mis du temps à vraiment pratiquer le truc, pas par flemme mais parce que j'emmagasinais un max d'articles sur le sujet. A l'époque, sans Facebook, Youtube et cie, la moindre info que je glanais était à mes yeux une pépite d'or, en anglais la plupart du temps. Je suis de nature "intello" donc j'aime bien me renseigner et me cultiver avant de me "lancer".
Après l'évaluation des implications philosophiques et des nombreuses perspectives qui s'offraient à moi, je me lançais dans l'aventure avec quelques premiers RL induits. Premier constat : la lucidité c'est pas du binaire. Il existe toute une palette d'états de conscience entre le rêve tout ce qu'il y a de plus normal et le rêve extrêmement lucide. De ce fait, les expériences intermédiaires ont laissé un goût amer au débutant plein d'illusions que j'étais. Toutes les expériences de mi-lucidité ou de faible lucidité ne me convenaient pas car j'avais idéalisé la notion de "rêve lucide" pendant des mois au fil de mes lectures. Pour moi, un rêve dans lequel on avait clairement conscience de rêver impliquait qu'on pouvait y faire à peu près tout ce qu'on voulait. Faux, nul, zéro. De rêves lucides courts en faux-éveils inopinés, il deviendra de plus en plus évident à mes yeux que la réalité du rêve est bien plus complexe qu'il n'y paraît. Il y a des lois dans ce chaos.
A partir de là, je me suis efforcé à trouver une lucidité assez élevée en rêve. J'ai dû passer par la différenciation, dans mon esprit, des notions de lucidité et de contrôle. C'est-à-dire comprendre que le contrôle du rêve n'est pas garant de lucidité, tout comme être conscient de rêver ne fournit pas les pleins pouvoirs sur son inconscient. J'ai eu une poignée de RL mémorables au contenu peu attirant : balade, contemplation, etc... mais avec un état de conscience clair comme de l'eau de roche. Là, philosophiquement, je sentais que j'avais mis le doigt sur un truc très profond, notamment avec les notions de Vouloir, Pouvoir et Savoir.
La lucidité, c'est Savoir. Le contrôle, c'est Pouvoir. Très souvent en rêve lucide, on peut tellement tout qu'on ne fait rien (d'où la sacrée importance de se préparer un objectif à l'avance). Et dans de rares cas, le simple fait de Savoir qu'on n'a pas besoin de faire grand chose (Vouloir) nous rend extrêmement lucides. C'est les moments de lâcher-prise, de pure extase dans lesquels la simple vue d'une feuille d'arbre peut nous rendre heureux pendant des semaines après le réveil. Franchement, ces rares expériences de grande lucidité en rêve provoquent des changements durables, en terme de perception du monde et de conscience. Rien que pendant mes premiers RL dans la période 2007-2008, je me souviens que ma perception du monde en général a radicalement changé, comme si la lucidité m'avait suivi hors du lit.
Ensuite, j'ai eu ma période "lucid living", c'est-à-dire toutes les philosophies liées à la méditation de pleine conscience (The power of now d'Eckart Tolle et Les yogas tibétains du rêve et du sommeil de Tenzin Wangyal Rinpoché) qui mettent un point d'honneur à la perception du monde dans l'instant présent, l'expérience pure et sans filtre. Je me suis "battu" avec quelques membres sur les anciens forums parce que je parlais de "faire comme si on était en RL" (dans le monde réel). Pour eux, non "on ne peut pas faire comme si on était en RL" car on risque de sauter par la fenêtre ou de parler aux gens comme si c'étaient des personnages fictifs. J'essayais de leur dire que ce qui caractérise un rêve lucide, c'est juste Savoir qu'on rêve. Quand on se sait véritablement en train de rêver, dans une contemplation continue sur le monde qui nous entoure, on n'a pas le temps de se perdre en actions futiles ; le Savoir l'emporte sur le Vouloir et le Pouvoir. En d'autres termes moins savants, quand on est vraiment lucide, on s'en tape du reste. Tout ce qui compte c'est l'expérience du présent.
Cette nouvelle approche de la lucidité a en retour influencé mes rêves lucides, par l'effet d'un cercle vertueux. Plus je m'efforçais à atteindre cet état de contemplation détachée sur le monde en journée ("comme si" j'étais en RL ; désolé pour ceux qui ne comprennent pas que le L c'est pour Lucide), plus cet état se retrouvait dans mes rêves la nuit. Même si on n'adhère pas forcément au précepte "rêve et réalité ne sont qu'un", on ne peut pas nier que ces deux mondes sont en perpétuelle communication, c'est la même conscience en continu qui les "éclaire".
D'expériences en tâtonnements, de périodes fastes en gros creux, je suis arrivé à un stade où je pense avoir accumulé assez de connaissances sur le sujet pour écrire sérieusement un petit guide. Pourquoi j'ai écrit ce post ? J'en sais rien. Au début je voulais l'écrire dans mon JR mais finalement j'ai posté ici (car ça ne polluera pas mon JR si ça ouvre une discussion). Je voulais aussi donner ce petit message d'espoir aux débutants : de ne rien lâcher, d'aller jusqu'au bout, parce que certaines expériences sont renversantes et vous changent la vie. Ça fait partie des choses importantes, mais qu'on ne peut malheureusement pas mettre sur notre CV. On devrait apprendre ça aux enfants, ça devrait être une seconde nature, comme la respiration. Les bénéfices à retirer son immenses et encore, j'ai rien vu.
Allez salut.