Lao-tse (verset 33) : Qui se force à agir possède la volonté
Dans ce topic, j’entends souligner la nuance qui existe entre la volonté et l’intention pour mieux l’appliquer au domaine qui nous intéresse : le rêve lucide. En effet, c’est un discipline qui se joue principalement dans le domaine de l’esprit et en ceci il nécessite de rassembler en nous les forces les plus à même de le modeler à sa convenance.
Dans ma pratique j’ai dû me battre avec ces deux notions, surtout dans le sous-domaine de l’autosuggestion. Sur le long terme j’ai compris l’efficacité de l’intention par rapport à la volonté. Je précise que les deux termes sont appropriés et qu’on peut utiliser les deux pour faire de l’autosuggestion, pour faire des rêves lucides, mais il existe une nuance dont je me suis servi – qui correspond à deux états d'esprit distincts – pour affiner ma démarche et ainsi obtenir plus de résultats.
“Qui se force à agir possède la volonté.” Bien sûr que la volonté est nécessaire, c’est moi qui
veux accomplir quelque chose, personne d’autre. Je veux, j’ai envie, de faire un RL. J’ai le désir de, j’en ai le souhait. Je peux RL’er grâce à ma simple volonté, volonté nécessaire à la mise en œuvre des différentes techniques menant au but voulu. Je n’aurais simplement jamais
fait de rêve lucide si dès le départ je n’avais pas
voulu en faire.
Maintenant, pour l’intention on s’approche d’autre chose. Si la notion de volonté me fait plus penser à mes désirs, à mes souhaits, liés à mes envies et mes goûts, la notion d’intention me ramène plus au caractère de détermination et de résolution. À Noël je veux le dernier iPhone : volonté, désir ; au Nouvel An, je décide d’arrêter de fumer : intention. Je sais que même les rêveurs lucides débutants ne veulent pas un RL comme ils désirent un iPhone, que leur volonté est déjà plus rangée du côté de l’intention que du désir éphémère, reste que l’intention est plus solide que la volonté. Même s’il faut de la “volonté” pour arrêter de fumer, ce n’est parfois pas suffisant. Il faut également en avoir l’intention, le décider, résolument, sans état d’âme.
D’une certaine manière on peut établir le parallèle pour le rêve lucide : même s’il faut de la volonté pour faire des rêves lucides (même les plus expérimentés ne peuvent pas en être dispensés), ce n’est parfois pas suffisant : il faut en avoir l’intention.
Quelles conséquences ? À ce stade on prend conscience que pour passer de la volonté à l’intention, du désir à la résolution, du souhait au dessein, de l’envie au projet, il faut délaisser une part d’envie pour une part de calcul – calcul presque désintéressé –, ou à défaut : accompagner cette envie émotionnelle d’un but froid et implacable, en somme d’allier la tête au cœur. Il s’agit de garder la motivation enfantine des débuts mais d’y accoler une planification “adulte” et impartiale.
Au début il est difficile, j’en conviens, de délaisser cette part de magie instinctive pour une part plus pragmatique mais c’est vraiment la clé. On peut se dire, à juste titre, qu’on n’arrivera pas à RL’er si on se couche le soir avec moins d’enthousiasme. Pourtant c’est en laissant plus de place au côté “intentionnel” de notre esprit qu’on augmente ses chances de réussite. On ne veut plus seulement RL’er, on en a aussi l’intention. On n’a plus seulement
envie de RL’er, dorénavant on
compte RL’er. Ce n’est pas sautillant que l’on se couche, c’est l’esprit serein. Combien de fois je me suis couché en ayant la tête remplie d’images de RL, bouillonnant, en ayant la tête qu’à ça, et à côté de ça je me souviens de couchers beaucoup plus calmes, plus confiants et… plus efficaces, plus productifs.
La volonté est
consciente, l’intention est un peu plus
inconsciente. Avec la volonté, on
force, avec l’intention, on
va vers. Avec la volonté, on
s’embourbe. Avec l’intention, on
glisse.
Si on s’écarte un peu de l’autosuggestion pour ne s’intéresser qu’à la manipulation onirique, j’ai constaté à de nombreuses reprises que la volonté m’était moins efficace que l’intention pour arriver à mes fins, aussi simples ces objectifs soient-ils. J’arrive plus facilement à accomplir mes objectifs lorsque je les entreprends aveuglément. A contrario, j’ai plus de difficulté si j’agis par simple volonté. Dans le premier cas (intention), j’ai écrit mon scénario à l’avance (quête Iktomi, objectif personnel), je n’ai plus qu’à l’appliquer une fois “sur le terrain”. Dans le second cas (volonté), c’est improvisé, je cède plus à mes pulsions que je ne suis un plan de route. Dans le premier cas, je connais déjà mon but avant même que le RL ne commence. Dans le second, je n’agis qu’à la hâte, mon but est moins clair, moins préparé.
Lorsqu’en rêve lucide, je m’approche d’une porte et veux l’ouvrir, j’émets mon souhait dans le rêve et j’essaie de l’accomplir dans le rêve : il s’agit moins d’intention que de volonté. Quand mon objectif, depuis des jours, est de réussir à ouvrir une porte en RL et qu’une fois sur le terrain, je me trouve devant ma porte, j’ai émis mon objectif
avant le rêve et le réalise
pendant le rêve : il s’agit plus d’intention que de volonté. Mon objectif a en quelque sorte démarré hors du rêve, j’avais l’intention, dans le passé, d’accomplir cette tâche une fois que l’opportunité se présenterait dans le futur, et une fois devant la porte, je n’ai plus qu’à finir l’intentionnalité émise depuis longtemps.
La volonté me donne le sentiment de lutte. L’intention me fait plutôt penser à la confiance, presque aveugle.
L’intention, c’est de la volonté qui a réussi.
La volonté parle au conscient, l’intention s’adresse à l’inconscient.
La volonté sait ce qu’elle veut, l’intention applique une méthode.
La volonté fonce dans le tas, l’intention va sûrement.
L’intention, c’est de la volonté inconsciente, donc plus puissante.
Lorsque on décide quelque chose, on établit un événement dans le futur, on l’inscrit dans une date et lorsque l’on se dirige vers cet objectif, on va à la rencontre de cette date fixée. Lorsque l'on veut quelque chose, on est tributaire de nos désirs seulement, même si on a voulu un iPhone à Noël, on aurait très bien pu le vouloir en juillet ou en mars, du moment que notre souhait est exaucé.
Lorsque qu'on compte accomplir quelque chose à une date future, l'on est seulement tributaire du temps qui nous sépare de cette date. Demain je compte prendre un RDV, il n'y a pas de désir. J'attends juste que le moment vienne pour que j'accomplisse la tâche. Moins de volonté, plus de procédure.
C'est con à dire mais pour le rêve lucide c'est pareil, quand on dit : "cette nuit je vais RL'er", pas d'espoir, de faux enthousiasme, d'excitation anticipée.
Juste une évidence.