7h05 : réveil d'un rêve où j'étais chez moi. C'était assez obscur, je cherchais dans chaque pièce des personnes. Dans le garage sombre, une lumière allumée dans une autre pièce jette un rectangle jaune clair par terre. Une petite peur m'accompagne quand je m'amuse à chercher une présence humaine. J'appelle, je crie. Je passe d'une pièce à l'autre, je m'amuse à me faire peur en me retournant pour voir les recoins sombres. Je monte les escaliers, j'explore les autres pièces, à divers étages. En bref, je bouge, le décor est stable, même si avec l'obscurité la palette des détails est amoindrie.
Cela pourrait très bien être un rêve de sommeil léger. C'est pour ça que je note l'heure au réveil. En l'occurrence, c'était un rêve de REM :
(Le curseur est placé à l'heure de réveil de ce rêve.)
...mais ! Comme c'est la dernière scène d'un rêve plus long, je me demande s'il n'a pas commencé pendant la phase de sommeil léger que l'on voit juste avant. C'est fort possible. La survenue du REM pendant ce rêve a peut-être modifié le contenu du rêve.
De ce que j'observe pour l'instant, c'est qu'il n'y pas beaucoup de différences de richesse/détail/stabilité entre mes "rêves REM" et mes "rêves sommeil léger". Chose que j'étudie en ce moment. Je continue donc de faire ces petites observations. Je ferai des stats à long terme si j'ai la motivation, pour déterminer ces différences.
Mais de ce que je comprends intuitivement pour l'instant, concernant mon sommeil toujours, c'est qu'en termes de stabilité et contenu onirique, peu importe si je suis en sommeil léger ou en REM, le rêve est là et il est plutôt immersif. Je ne sais pas encore sur quels critères appuyer mes futures observations, je me contente d'observer.
Une idée que j'ai eue, la prochaine fois que je fais un RL long, stable, riche, bien lucide, un bon gros RL en somme, c'est de me réveiller au moment où il est le plus stable et immersif pour déterminer dans quelle phase il est survenu.
Si mon intuition est bonne (le RL peut se passer autant en sommeil léger qu'en REM), je devrai revoir les conceptions actuelles sur le sommeil, à savoir : le sommeil léger et paradoxal présentent les mêmes conditions physiologiques nécessaires au rêve. Autrement dit, le sommeil paradoxal n'est pas l'unique condition. C'est très exactement le débat qu'il y a eu entre Allan Hobson, l'un des plus grands neurologues actuels, et Solms.
Hobson défend l'idée que le REM est la seule condition du rêve. Solms défend l'idée, appuyée par de nombreux témoignages (récits de rêve obtenus après un réveil du sommeil léger), qu'on rêve autant en léger qu'en REM.
Pour ma part, observant mes tracés de nuit depuis deux semaines, j'ai le sentiment que les périodes de REM finissant chaque cycle sont des mécanismes courts et automatiques activés en fin de cycle, indépendamment du contenu onirique qui se déroule dans l'esprit. En somme, le rêve peut se passer à n'importe quel moment du sommeil, du moment que ce n'est pas du sommeil profond. Et lorsque le REM intervient avant un éveil, comme c'est le cas avec moi, ce n'est qu'un mécanisme automatique activé car le corps s'approche de l'éveil.
Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Pourquoi ce mécanisme ne s'active pas plus tôt dans le cycle ?
Parce qu'en début de nuit, les cycles sont majoritairement du sommeil profond, avec peu de rêves.
Pourquoi ce mécanisme ne s'active pas plus tôt dans les cycles suivants, dans mon cas du moins ?
Peut-être parce que mes rêves ne nécessitent pas de mécanismes protecteurs en début de sommeil léger ? Peut-être parce que je ne rêve pas beaucoup en début de sommeil léger ? Peut-être que le REM ne s'active qu'à des moments critiques de mes périodes oniriques, quand je suis en phase ascendante de sommeil (c'est-à-dire à la fin d'une période de sommeil léger) ?
Tout ce que je veux essayer de faire comprendre, c'est que la transition léger/REM n'est pas un critère excluant de la fonction du rêve. Le rêve trace sa route, indépendamment du fait que le REM est là ou non.
Dans ce cas, pourquoi le REM s'active à certains moments ou d'autres ?
Mon intuition, tenez-vous bien :
il ne s'active qu'à des moments du rêve où le cerveau juge que le corps est trop proche de l'éveil. Cette phrase est très importante. Le besoin de sommeil est important pour le corps, c'est la raison pour laquelle nous nous endormons en priorité dans des phases de sommeil profond et sans rêves. Dès que le besoin de sommeil physique est assouvi, le besoin d'activité mentale surgit, accompagné par des moments plus ou moins profonds. En début de chaque cycle, on le sait, on ne passe pas par du REM. On passe par du sommeil lent léger. C'est comme une hypnose pour le corps, on en a besoin. C'est un besoin mental. Une fois ce besoin assouvi, le corps s'active, s'éveille presque, VOILA le sommeil paradoxal. Un état particulier où, une fois le corps bien détendu, reposé, l'activité mentale toujours présente, il se réveille, approche la surface de l'éveil. C'est la phase ascendante du cycle. Le rêve démarré en début de cycle continue, mais comme on est en phase ascendante, le cerveau enclenche le REM par sécurité, nous voilà maintenant en phase de rêve avec paralysie du corps. Nous venons de traverser successivement l'état de sommeil léger avec rêve, à l'état de REM avec rêve aussi. Le tout, sans discontinuité scénaristique ou contextuelle du rêve qui a concrètement chevauché ces deux états.
Voilà un tableau hypothétique de ce qui se passe en un cycle. Rien de bien compliqué et de révolutionnaire. La nouveauté de l'idée réside juste dans le fait que la frontière entre sommeil léger et REM, en terme d'expérience onirique, n'est pas si franche qu'on le penserait. Le REM est juste un état transitoire entre sommeil léger et éveil. C'est ce qu'on remarque sur tous les tracés, pas seulement le mien.
Résumé : le REM se passe pendant la phase ascendante du cycle, après avoir plongé en profond, sauf que le profond disparaît après quelques cycles. Le REM est comme une phase transitoire qui augmente au fil de la nuit, permettant des rêves plus longs. Sauf que, quand comme moi on a de longues plages de sommeil léger, le rêve doit pouvoir s'exprimer, car si j'attendais le REM pour rêver, je ne rêverais pas beaucoup ! L'idée de REM comme mécanisme protecteur en phase ascendante permet d'expliquer les phénomènes hallucinatoires, PS et compagnie, lors de certains réveils nocturnes et matinaux. C'est simplement des moments où le corps est en phase REM pendant que le rêve, démarré plus tôt dans le cycle (ça, c'est important), continue.
En somme, ce que je dis c'est que le sommeil léger est plus profond que le sommeil paradoxal. Le sommeil paradoxal est jumeau de l'éveil (ça, on le sait aussi). Le sommeil léger est plus proche du sommeil que de l'éveil.
Bref.