Gaston Bachelard
Gaston Bachelard, né à Bar-sur-Aube le 27 juin 1884 et mort à Paris le 16 octobre 1962, est un philosophe français des sciences et de la poésie.
Bachelard
renouvelle l'approche philosophique et littéraire de l'imagination, s'intéressant à des poètes et écrivains (entre autres Lautréamont, Edgar Poe, Novalis), au symbolisme ou encore à l'alchimie.
Il interroge
les rapports entre la littérature et la science, c'est-à-dire entre l'imaginaire et la rationalité. Ils peuvent être conflictuels ou complémentaires. Une image au fort pouvoir affectif provoquera des illusions pour le scientifique (l'image du feu par exemple pourra obstruer la connaissance de l'électricité). Mais cette même image produira en littérature des effets inattendus et surchargés poétiquement : son pouvoir de fascination sera très important. [...] La rêverie poétique « sympathise » intimement avec le réel, tandis que l'approche scientifique est « antipathique » : elle prend ses distances avec la charge affective du réel.
L'imagination pourra cependant aider à la construction des modèles scientifiques.
L'eau et les rêves, 1942
Extraits :
Au fond de la matière pousse une végétation obscure ; dans la nuit de la matière fleurissent des fleurs noires. Elles ont déjà leurs velours et la formule de leur parfum.
L'imagination n'est pas, comme le suggère l'étymologie, la faculté de former des images de la réalité ; elle est la faculté de former des images qui dépassent la réalité, qui
chantent la réalité. Elle est une faculté de surhumanité.
La vie réelle se porte mieux si on lui donne ses justes vacances d'irréalité.
Dans la rêverie d'Edgar Poe, pour un rêveur vivant, fidèle à la clairvoyance du rêve, comme Edgar Poe, une des fonctions du végétal est de produire de l'ombre comme la seiche produit de l'encre. A chaque heure de sa vie la forêt doit aider la nuit à noircir le monde.
L'appel de l'eau réclame en quelque sorte un don total, un don intime. L'eau veut un habitant.
L'Air et les Songes, 1943 
Extraits :
Le corps de l'oiseau est fait de l'air qui l'entoure, sa vie est faite du mouvement qui l'emporte.
Il y a tant de rêves au ciel que la poésie, gênée par les mots, n'a pu nommer.
Imaginer, c'est hausser le réel d'un ton.
Un être privé de la fonction de l'irréel est un névrosé aussi bien que l'être privé de la fonction du réel.
L'imagination a besoin d'un allongement, d'un ralenti. Et en particulier, plus que tout autre, l'imagination de la matière nocturne a besoin de lenteur.
La première tâche du poète est de désancrer en nous une matière qui veut rêver.
Impossible d'imaginer un petit nuage qui disparaisse en tombant. Le petit nuage, le nuage léger est le thème d'ascension la plus régulière, la plus sûre. Il est un conseil permanent de sublimation.
Il faut que l'imagination prenne trop pour que la pensée ait assez.
le monde vient s'imaginer dans la rêverie humaine.
Imaginer c'est s'absenter, c'est s'élancer vers une vie nouvelle.
La Terre et les Rêveries du repos, 1946
L'imagination n'est rien d'autre que le sujet transporté dans les choses.
L'imagination […] trouve plus de réalité à ce qui se cache qu'à ce qui se montre.
La Terre et les Rêveries de la volonté, 1948
L'imagination créatrice a de tout autres fonctions que celles de l'imagination reproductrice. À elle appartient cette fonction de l'irréel qui est psychiquement aussi utile que la fonction du réel si souvent évoquée par les psychologues pour caractériser l'adaptation d'un esprit à une réalité estampillée par les valeurs sociales.
La Poétique de l'espace, 1957
Une simple image, si elle est nouvelle, ouvre un monde. Vue des mille fenêtres de l’imaginaire, le monde est changeant
Si l'on nous demandait le bienfait le plus précieux de la maison, nous dirions : la maison abrite la rêverie, la maison protège le rêveur, la maison nous permet de rêver en paix.
La Psychanalyse du feu, 1938
Le rêve chemine linéairement, oubliant son chemin en courant. La rêverie travaille en étoile. Elle revient à son centre pour lancer de nouveaux rayons.
La conquête du superflu donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire. L'homme est une création du désir, non pas une création du besoin.
La lumière joue et rit à la surface des choses, mais seule, la chaleur pénètre.[...]
Ce besoin de pénétrer, d'aller à l'intérieur des choses, à l'intérieur des êtres, est une séduction de l'intuition, de la chaleur intime. Où l'oeil ne va pas, où la main n'entre pas, la chaleur s'insinue. (Il faut ajouter ici qu'on peut parler d'une 'communion par le dedans' et même d'une 'sympathie thermique').
Liens :
http://www.scienceshumaines.com/gaston-bachelard-une-philosophie-a-double-visage_fr_29570.htmlhttp://www.franceculture.fr/emission-le-gai-savoir-bachelard-le-corps-des-larmes-2014-06-08 (
audio)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gaston_Bachelardhttp://gastonbachelard.org/-------------------
Mon avis : Je ne connais uniquement que "
La psychanalyse du feu" que j'ai lu il y a longtemps. J'en ai gardé un souvenir très immersif. Un voyage philosophique et poétique nous qui nous entraine du feu primitif au feu prométhéen, en passant par les images brulantes de nos rêveries à la douceur du foyer. J'ai "
L'eau et les rêves" chez moi, et je songe m'y replonger sous peu. *+*