Merci de ta participation, Kaan. J'espère que nos échanges donneront aux autres membres l'envie de découvrir le travail de J. Allan Hobson.
Je ne l'ai pas encore terminé, mais il ne me semble pas que le livre de JAH contredise celle de Mark Solms. Pour JAH en 1992, c'est plutôt le mécanisme concurrentiel entre les neurotransmetteurs aminergiques et les neurotransmetteurs cholinergiques qui régule l'activité cérébrale. Il utilise une métaphore utile: grâce aux lapins, les lynx peuvent se nourrir, donc se reproduire. À un moment donné, la population de lynx va devenir surabondante, donc contre-productive pour la survie de l'espèce, jusqu'à ce que suffisamment de lynx meurent de faim pour que les lapins (moins confrontés à leurs prédateurs) puissent prolifer à nouveau. Pour revenir au cerveau, aucun neurone ne mange l'autre, mais c'est plutôt une concurrence entre des messages d'excitation et d'inhibition qui permettent de basculer d'un état à l'autre.
Moi, je ne voulais surtout pas faire la pub de Mark Solms! :'( parce qu'on a déjà assez perdu de temps avec les théories freudiennes auxquelles il tient tant!
JAH rend un très bel hommage à ses prédécesseurs dans "Le cerveau rêvant". Ce sont, pour la plupart, des contemporains de Freud mais qui, contrairement à lui, ont toujours privilégié l’observation directe, plutôt que les spéculations hasardeuses. JAH décrit tous les efforts que Freud a dû faire pour dissimuler, tout au long de sa carrière, ses spéculations sous l’apparence d’une science. La théorie du rêve (L’ouvrage intitulé
L’interprétation des rêves, ainsi que les tentatives de révisions qui ont suivies) est une grande supercherie, et je pense qu’elle fausse encore trop souvent nos jugements. Le livre de JAH est annonciateur du changement de paradigme.
Hervey de Saint-Denys, Alfred Maury, Carl Jung, Nicolas Vaschide, Mary Calkins, Henri Beaunis, J. Mourly Vold, Sante de Sanctis, Mary Arnold-Forster... sont les pionniers. Malheureusement, JAH explique qu’ils ont rapidement été bloqués pour deux raisons : la 1ère, c’est l’attention portée à la théorie psychanalytique et à l’élargissement du mouvement freudien, la 2ème, c’est qu’ils étaient trop en avance sur leur temps, puisque les moyens techniques permettant une étude expérimentale et objective du sommeil et du rêve ne se sont développés qu’à partir des années 30.
… Et pour en finir avec Freud, une citation du livre :
« une fois démolis ces deux postulats jumeaux :
l’information ne peut être construite ;
l’information ne peut être perdue,
beaucoup d’arguments freudiens s’effondrent de manière catastrophique. »