Comme je le mentionnais dans mon journal ce matin, j'étudie ces temps des textes de l'advaïta vedanta. Bien que je lis beaucoup de leurs écrits, je me rends compte que je ne connais pas vraiment l'origines de ces textes, j'ignore même s'il s'agit d'une religion, mais peu importe.
L'essentiel que j'y apprends, c'est que la conscience humaine n'est pas a confondre avec la nature de nos perceptions, et je ne peux m'empêcher de lier ces enseignements avec le rêve lucide, c'est bien trop évident. Et hier soi j'ai lu un texte en particulier extrêmement pertinent a mon avis, en lien direct avec le rêve lucide, démontrant le lien étroit entre la lucidité onirique et la lucidité de vie. Ça m'a inspiré un brillant RL cette nuit même. C'est un peu long, mais ça vaut l'effort intellectuel, je tenais a le partager avec vous:
"D'où vient l'univers?
Voici une question qui depuis des temps immémoriaux retentit dans le coeur de l'homme.
Il est cependant possible d'y répondre : Sachant qu'il n'y a qu'un seul et unique Etre, et que cet Etre est pure conscience, nous devons nous interroger de la manière suivante : Que représente l'univers pour la pure Conscience de l'Etre éternel ?
De toute évidence, il apparaît que l'univers ne peut représenter que l'ensemble des contenus de la conscience de l'Etre. Éternelle-même, en sa nature propre, la Conscience de l'Etre est vide de contenus.
Par ailleurs, la totalité des perceptions passagères qui traverse l'incommensurable champ de sa perception, constituent l'univers. L'univers, c'est donc l'ensemble des phénomènes évanescents, que contemple la Conscience de l'Etre en son immuabilité, Mais quelle est donc la nature de ces phénomènes qui composent l'univers ?
L'Etre étant pur Esprit immatériel, l'univers ne peut être quelque chose de matériel.
L'immatériel ne pouvant produire une réalité matérielle. L'univers est donc une réalité psychique, et non point matérielle, ce que nous appelons la matérialité, par opposition à la subjectivité, n'est qu'une catégorie spécifique de perception.
N'oublions pas cette évidence : nous ne connaissons rien en dehors de nos perceptions, L'expérience de la matérialité est fondée sur un ensemble de perceptions, qui ont pour caractéristiques toutes les qualités que nous attribuons à la "matière", mais cette matière personne ne l'a jamais vue, c'est un postulat conceptuel, En présence d'un ensemble de perceptions à caractère matériel, nous déclarons qu'il existe une réalité matérielle. C'est une affirmation gratuite, qui ne repose sur rien puisque nous ne connaissons rien en dehors de nos perceptions.
Dire que certaines perceptions contiennent, ou se caractérisent par des sensations matérielles, cela est juste. Quant à la matérialité elle n'a aucune réalité en soi, La matérialité se confond avec les caractéristiques propres à certaines perceptions individuelles et collectives. Hors de ces perceptions il n'y a pas de monde matériel, tel que nous le percevons, La physique moderne a montré le caractère erroné du concept de matérialité, ainsi qu'on l'entendait autrefois dans le monde profane.
Mais il faut aller plus loin, et pour cela il faut faire appel aux données de la métaphysique traditionnelle.
D'où proviennent l'ensemble des perceptions et des énergies non matérielles que nous percevons ?
Elles proviennent de la pensée de l'Etre, L'Etre pense le monde, et le monde n'est rien d'autre que la grande méditation de l'Etre. La création du monde est une manifestation de l'Etre ; et en raison même de la nature de l'Etre cette manifestation est une manifestation psychique, voilà qui apparaît évident à qui sait réfléchir !
L'ensemble des pensées qui composent l'univers sont engendrées passivement par l'Etre sans participation directe de sa part.
Par sa seule présence, la conscience de l'Etre provoque en son sein, l'apparition des pensées cosmiques dont l'univers est constitué.
L'univers, qui n'est que la somme des pensées de l'Etre, constitue pour ce dernier l'immense rêverie que contemple sa Conscience, mais cette rêverie n'est pas une rêverie fantaisiste, C'est un songe cohérent , et c'est pourquoi la science humaine est possible. Cette dernière reposant sur l'étude des lois qui régissent la production des phénomènes composant le rêve de l'Etre.
En tant qu'homme nous sommes une pensée de l'Etre, se mouvant au sein de l'univers des pensées de l'Etre.
Les pensées de l'Etre étant des pensées conscientes.
La conscience de l'Etre est à la fois intrinsèque, et extrinsèque à la création.
Par rapport à l'Etre, la pensée de l'Etre est irréelle.
C'est une simple rêverie.
L' Etre seul est réel, car lui seul possède l'Etre.
Ce qui est réel c'est l'Etre, qui est conscience ; ce qui est irréel, c’est l'ensemble des apparences phénoménales de l'univers.
Les divers contenus de la Création, tirent leurs apparences de La manifestation des pensées de l'Etre; et ils tirent leur réalité de l'unique Conscience universelle de l'Etre, présente en chacun d'eux.
Cependant pour l'homme biologique, qui n'est qu'un contenu particulier du rêve cosmique, le monde est une réalité objective.
Car si l'homme est une simple pensée de l'Etre, tout ce qui l'entoure est aussi l'expression de la manifestation psychique de l'Etre, Ainsi, chaque homme a le même degré de réalité que ce qui l'entoure , et de ce fait, à son niveau, le monde est une réalité objective.
Que le monde soit pour l'homme une réalité objective, le simple fait de trébucher par inadvertance sur une pierre insoupçonnée suffit à nous le prouver. Il importe donc de conserver le sens du réel au niveau de l'action et de la pensée. Bref, garder comme on dit vulgairement "les pieds sur terre". Mais par ailleurs, il importe également au niveau de notre conscience, de percevoir l'irréalité du monde.
Car si le monde est une réalité objective pour notre corps et notre mental; c'est une simple perception subjective pour notre conscience. Laquelle n'est rien d'autre que la présence en nous de la conscience de l'Etre.
Les perceptions du monde extérieur sont habituellement dites objectives, par rapport aux perceptions se rapportant au monde intérieur ,qui elles sont dites subjectives, Ceci est vrai pour l'homme, mais pour la conscience intemporelle qui est notre véritable nature, les perceptions du monde extérieur, et les perceptions du monde intérieur, soit toutes deux subjectives. Elles forment un tout cohérent, qui constitue le rave de la vie individuelle. Pour l'intemporelle conscience, qui d'une manière impersonnelle constitue ce que nous sommes réellement ; notre naissance a été le commencement confus d'un rêve, interrompu durant nos périodes de sommeil profond. Rêve qui prendra fin au moment de la mort, et qui s'intègre dans l'immense rêve de l'univers.
De même, la vie post-mortem est le début d'un autre rêve individuel, constituant également une fraction du grand rêve collectif. Au cours de la vie nocturne, aussi longtemps que nous sommes plongés dans un rêve, ce qui nous arrive est perçu comme réel.
C'est seulement lorsque nous cessons de rêver, que nous réalisons que tout ce qui a été perçu n'avait pas de véritable réalité, et n'était que le simple produit de notre mental. Semblablement, la vie à l'état de veille est pour notre conscience intemporelle une simple rêverie, engendrée par la pensée de l'Etre. par contre, cette rêverie de l'état de veille est une réalité pour notre corps, car ce dernier est lui-même un élément de ladite rêverie ontologique.
La rêverie de l'existence humaine nous parait réelle parce que notre conscience est accaparée par elle, et de ce fait plonger en elle. Il y a là un leurre que la Connaissance métaphysique doit dissiper ; afin que nous cessions d'être la proie de l'illusion existentielle qui nous fait prendre pour réel, ce qui au niveau de notre Conscience n'est qu'une suite de fantasmes hallucinatoires.
Nous sommes la proie de la grande hallucination de l'existence, voilà ce dont il faut prendre conscience! Lorsque notre Conscience prend connaissance de sa véritable nature, elle réintègre le niveau qui lui est ontologiquement propre ; et de par ce fait elle entre dans une vacuité absolue.
Cette entrée (figurative car en réalité il n'y a pas de déplacement spatial) dans la vacuité absolue, constitue une sortie du grand rêve de l'univers phénoménal. Dès lors pour la conscience individuelle le monde cesse d'être perçu comme une réalité ; et devient un simple songe traversant le champ de sa perception. En cette réalisation intérieure il y a cessation de l'illusion existentielle, mais non point cessation du rêve existentiel. Il est possible de rêver tout en sachant qu'il s'agit d'un rêve. Beaucoup de gens ont fait ce genre d'expérience au cours de la vie nocturne, ceci étant provoqué par un mélange des états de conscience de rêve et de veille. Il s'agit de provoquer le même phénomène au cours de l'état de veille, pour tout à la fois percevoir la vie humaine et réaliser qu'elle n'est qu'un rêve, Cette expérience résultant d'un mélange de l'état de conscience de veille, avec l'état de conscience ontologique.
Vivre l'existence comme une réalité absolue, c'est se trouver emprisonné dans l'univers comme au fond d'un puits. Le but est de vivre la vie humaine à partir du point de vue de notre véritable nature, et non de l'apparente réalité humaine. Il ne s'agit pas de fuir ou de dénigrer la vie humaine. ce qu'il faut c'est la vivre comme un rêve, qui interrompu chaque soir recommence chaque matin. Il est donc très important de parvenir à créer en nous la sensation du rêve.
Ceci est d'ailleurs beaucoup plus facile qu'on le croit généralement : Lorsque regardant ce qui nous entoure, et percevant ce qu'il advient à l'homme qui regarde, nous sentons intérieurement avec une force variable que tout ce que nous percevons n'est qu'un rêve, il y a révélation de la subjectivité phénoménale.
Cette sensation du rêve doit s'intégrer dans notre vie pour l'imprégner d'une manière spécifique. Pour parvenir à cela, à différentes reprises au cours de chaque journée, prenons conscience du fait d'être plongé clans un rêve. En ce domaine comme en beaucoup d'autres, les résultats sont liés à l'intensité et à la régularité de la pratique. Il faut prendre conscience de l'illusion phénoménale à de fréquentes reprises quotidiennes, jusqu'à ce que votre croyance en la réalité du monde extérieur se disloque. En cette dislocation vient l'épreuve du vide. Tout s'écroule, plus rien n'a de sens.
Percevoir, non point concevoir, mais percevoir que le monde est un simple rêve, c'est sentir s'évanouir tout espèce d'attachement, c'est perdre tout intérêt pour la fantasmagorie du quotidien.
Vous comprendrez que vos amours, vos intérêts, n'étaient que des affections et des curiosités vis-à-vis d'un mirage.
Vous vivrez l'acidité dissolvante de cette compréhension, et vous sentirez que tout est vide. Il n'y a qu'une suite de fantasmes colorés reposant sur le néant.
L'homme et le monde sont dérisoires.
Parvenu à ce degré de compréhension, pour ne point sombrer dans le désespoir ou l'apathie, accrochez-vous à la seule Réalité, celle de l'Etre éternel et intemporel. Ainsi la dislocation de votre croyance en la réalité du monde, s'accompagnera d'un renforcement compensatoire de votre perception de l'Etre Divin. Vous quitterez une fausse réalité pour entrer dans une vraie réalité.
Et puis, peu à peu, vous réconcilierez en vous les deux aspects de l'Etre vous réaliserez que la Connaissance de l'aspect Absolu et non manifesté vous détache des choses du monde ; mais que ce détachement ne nécessite pas un désintéressement total pour l'aspect relatif et manifesté. La merveille de la fantasmagorie phénoménale vous sera révélée.
Vous vivrez la vie humaine en sachant, et en sentant intérieurement qu'il s'agit d'une grande rêverie hallucinatoire, dont la réalité au niveau humain n'est que relative.
Vous goûterez les délices et les tragédies de l'existence; tout en jouissant de l'absolue liberté d'une conscience intemporelle que rien ne peut atteindre ; et qui au-delà de tout, contemple paisiblement le spectacle de la mouvance cosmique.
En celui qui a cette vision, la plus grande paix et le plus total détachement s'installent.
En Celui qui a cette vision, la joie la plus haute, et l'énergie la plus intense se manifestent."
http://www.maieutique.org/fr/approches-de-la-transcendance