C'est normal d'être paumé lorsqu'on visionne un film de David Lynch, l'habitude de voir une histoire se dérouler de manière linéaire que ce soit sur le grand ou le petit écran est tellement ancré en nous que nous en oublions que tout n'est qu'une question de montage et que c'est ce dernier qui dicte la compréhension que le (télé)spectateur en retirera. Comme la plupart des films sont montés exactement de la même manière et ce presque depuis l'époque des frères Lumière, nous avons calqué nos attentes de spectateur sur les plans que nous nous pensons voir succéder à d'autres plans et sur les scènes que nous nous pensons voir succéder à d'autres scènes.
Les longs métrages de David Lynch ne fonctionnent pas comme cela car le réalisateur a choisi une manière plus abstraite de raconter ses histoires. Son processus créatif s'apparente d'ailleurs un peu à l'écriture automatique tellement prisée par le groupe des surréalistes. C'est une liberté que lui fait payer l'industrie hollywoodienne en snobant ses projets cinématographiques. Les films de David Lynch sont difficiles seulement si on ne prend pas la peine de se déconditionner même momentanément des perspectives récurrentes que nous imposent les productions du cinéma-divertissement de masse dont on nous bombarde tous les jours la figure.
En ce qui concerne l'interprétation, je trouve que c'est bien qu'un film comme tout œuvre d'art de manière générale bénéficie d'une certaine durée dans le temps (celui de cerveau disponible pour autre chose que C****-C***
) en terme de "remue-méninge". Toutes les œuvres d'art ont en commun cette faculté d'étonner et d'étonner encore, visionnage après visionnage, dans le cas d'un film. "Il y a toujours des choses nouvelles à découvrir". Mais il faut se méfier des interprétations toutes faites.
Ce qui est le plus important c'est que l’œuvre, cinématographique en l’occurrence, fasse sens pour celui qui la regarde par rapport à lui-même, comme une sorte de cheminement initiatique mental. Encore aujourd'hui, il m'arrive de penser à certaines scènes de films que j'ai pourtant vu il y a longtemps. Et à un moment donné tout s'éclaire, parce que j’étais près à ce moment-là et à ce moment-là seulement à comprendre.
Les films de David Lynch devraient nous faire méditer nous, rêveurs lucides, parce sa manière de raconter rappelle celle du rêve. Le cinéaste n'a d'ailleurs jamais démenti que la narration onirique le fascinait même s'il nie que celle-ci ai à un moment donné ou à un autre influencé son écriture.