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Auteur Sujet: [FIC] La place publique  (Lu 601 fois)

[FIC] La place publique
« le: 07 octobre 2015, 14:04:14 pm »
0
Elle regardait à travers sa fenêtre avant de se coucher. C'était son petit rituel du soir. Généralement son mari était déjà au lit un livre à la main quand elle se préparait pour aller dormir. C'était le cas ce soir, un Dennis Lehane, un bon petit polar américain. Debout à côté de sa table de chevet, elle fixe le banc qui lui fait face directement, tout en bas sur la place. Une personne était assise dessus, immobile.

Comme si elle s'adressait au monde extérieur, elle lance : "Dis chéri, ça fait plusieurs fois que je vois ce bonhomme sur la place en bas."

Il lève à peine le nez de son livre pour voir sa femme se retourner et lui lancer un regard légèrement inquiet. Elle continue : "Je trouve ça inquiétant. Il est là sans compagnie, on dirait une statue." Son marie répond : "Hmm, j'en sais rien moi, peut-être une personne normale qui aime l'ambiance douce et tranquille de la nuit ou... juste un détective privé." Il finit sa phrase avec un sourire en espérant dissiper l'inquiétude sur le regard de sa femme mais elle ne trouve pas ce qu'il y a de drôle. Elle se remet face à la fenêtre en se tenant les épaules.

Définitivement intrigué à son tour, son mari se lève et va à la fenêtre en traînant ses pantoufles sur le sol. Il regarde par la fenêtre et voit sa ville, le clocher qui dépasse timidement du groupe d'habitations urbaines. La place qui sépare leur immeuble de celui d'en face est un vrai petit centre d'activité le jour. Équipé d'un petit kiosque à l'ancienne et d'un espace de jeux pour les enfants, ce cœur du village rassemblait forcément les plus jeunes comme les plus âgés et il faut avouer que ça faisait toujours froid dans le dos de jeter un coup d’œil à cet endroit en pleine nuit. Depuis dix ans qu'ils habitaient ici, elle ne s'était toujours pas habituée à y voir des personnes occuper les bancs ou se balader la nuit. Il colle son nez à la vitre pour mieux voir. Quatre bancs publics étaient disposés en carré sur les bords de la place et en effet, un homme était assis, droit et immobile sur celui directement à l'opposé de leur immeuble. A cette distance, il était impossible de voir ce qu'il fixait de son regard apparemment déterminé. En effet, il ne semblait pas rêvasser, il était en posture droite, les mains sur les genoux, la tête assez haute, tout dans son être indiquait une vigilance accrue, il était comme réglé pour attendre quelque chose d'important. Le peu de semblance humaine qu'on pouvait détecter dans son apparence générale n'était pas inscrit dans son appareil vestimentaire aussi sombre que la nuit qui l'entourait, ni dans sa posture sombrement mécanique.

Le mari reste perplexe et après quelques secondes de réflexion dit : "Hmm, je sais pas. Comme je t'ai dit, ça peut très bien être une personne tout à fait banale en train de profiter sereinement du calme de la nuit."

Et sur ces paroles il s'éloigne de la vitre pour aller se recoucher et replonger dans l'univers paradoxalement rassurant de son polar américain. Mais lui-même ne croyait pas ce qu'il venait de dire. Il n'y avait rien de serein dans l'attitude de l'homme sur la place. Un frisson lui parcourt le dos et lorsqu'il remarque qu'au bout de cinq pages, l'histoire n'arrive pas à l'accrocher vraiment (ce qui était rare pour du Lehane), il pose son livre et essaie de s'endormir.

Sa femme était restée à la fenêtre et avait suivi l'évolution de son mari. L'indifférence initiale dans le lit, suivie du léger étonnement face à son insistance et enfin l'espèce d'inquiétude finale en voyant cette place habitée la nuit. Elle décide de regagner son lit mais son attention est attirée par quelque chose de mouvant à l'extérieur. Tout à gauche vers la rue au bord de la place, une silhouette qui se déplaçait assez vite. Très vite, même. Il courait et une autre silhouette emboîtait le pas quelques mètres plus loin. La première silhouette ralentit et lance un regard subitement vers la fenêtre. Pris de panique, elle l'ouvre, ferme les volets et referme la fenêtre, elle en a assez vu pour ce soir.

Parcourue d'un frisson, elle regagne également le lit et commence à s'endormir. Les deux conjoints sont sur le dos et semblent fixer le plafond après avoir éteint la lumière. Après quelques secondes de silence pendant lesquelles ils laissaient leur esprit rassembler les morceaux choisis de la journée, le mari rompt le silence :

–Tu veux jeter un autre coup d’œil à la place ?

–Hors de question. Et toi ?

–Même réponse, Alphonse.

Ils changent de position, sont maintenant dos à dos et ne trouveront pas le sommeil avant longtemps.
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Hors ligne Paul

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Re : [FIC] La place publique
« Réponse #1 le: 07 octobre 2015, 17:17:42 pm »
0
Génial, tu l'as dit, tu le fais :)

Très bonne accroche, voilà t'as gagné, je veux maintenant tout savoir de ce qui va se passer ensuite !
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Hors ligne Fenrir

Re : Re : [FIC] La place publique
« Réponse #2 le: 07 octobre 2015, 18:09:00 pm »
0
Très bonne accroche

+1 j'étais complètement pris dedans.

Hâte de lire la suite, je suis assez fan de ce genre de fic.

Hors ligne Paul

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Re : [FIC] La place publique
« Réponse #3 le: 07 octobre 2015, 18:15:42 pm »
0
Vivement demain pour connaitre la suite :D
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Re : [FIC] La place publique
« Réponse #4 le: 07 octobre 2015, 18:24:57 pm »
0
Enfoiré, ça va être chaud de faire un truc quotidien. :D

Demain peut-être parce que je bosse pas, mais j'pense qu'après ça, ça risque d'être plus hebdomadaire que quotidien.

Merci pour les retours (hésitez pas à donner des conseils pour l'histoire, pour l'instant y'a pas grand chose, mais pour après).
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Hors ligne Paul

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Re : [FIC] La place publique
« Réponse #5 le: 07 octobre 2015, 18:35:19 pm »
0
Je déconne SRV, je sais que t'as pas forcément le temps en ce moment pour écrire.


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Re : [FIC] La place publique
« Réponse #6 le: 08 octobre 2015, 14:10:59 pm »
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Applaudi par le grand Orson Welles, c'est pas rien. 8)
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Re : [FIC] La place publique
« Réponse #7 le: 13 octobre 2015, 15:12:34 pm »
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–L'adolescent courait dans la rue... pour fuir une menace ou tout simplement pour le plaisir de courir comme font tous les ados de 16 ans dans les rues de leur village la nuit, en s'inventant ou s’exagérant justement les menaces et autres dangers facilement exacerbés par le côté protecteur mais imprévisible de la nuit.... Il était suivi d'un autre jeune de son âge. Le premier était vêtu assez simplement mais l'absence de luminosité rendait son apparence encore plus indéterminée. Le second suivait le premier à quelques mètres de distance et son apparence était encore plus indéfinissable. Je savais juste une chose, ceux deux-là couraient assez vite mais je dois avouer que sur le moment, j'ignorais s'ils fuyaient précipitamment quelque chose ou si à l'inverse... comment dire... en les voyant on aurait pu penser qu'ils étaient "attendus" quelque part, à l'endroit de leur destination, et qu'ils s'y rendaient à la hâte. Bref, tout ça n'a pas tellement d'importance au moment des faits.

–Et ensuite ?

–C'est tout ce qui m'a marqué. Ensuite j'ai fermé ma boutique et je suis rentré chez moi.

–Vous n'avez rien remarqué d'autre ?

–Hmm, non je ne me souviens pas d'autres éléments marquants. La ville est calme la nuit, certes, mais des jeunes qui courent, ça arrive. Disons que ça saute pas aux yeux. C'est avec le recul seulement, au regard de ce qui s'est passé peu de temps après, que ça choque... Comme par rétroaction, un effet domino vers le passé. Un événement en rappelle un autre, des liens sont faits, des lumières sont jetées sur des scènes a priori ordinaires.

–Et vous savez vers où ils couraient, ces jeunes ?

–Oui, vers la place.

Le journaliste finit son café, pose sa tasse sur la table et fixe son interlocuteur en plissant des yeux, comme pour essayer d'y lire un message caché. L'entrevue avait duré une bonne dizaine de minutes et avait fini sur le croustillant de l'affaire. Il n'y avait plus rien à soutirer de ce boutiquier. Il prend son calepin, met son manteau et sort du magasin affronter le froid hivernal de cette petite ville qu'il n'a pas fini de découvrir.

En rentrant chez lui, il prend bien soin de contourner la place. Il commençait à faire nuit et elle ne lui inspirait pas confiance.
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Hors ligne Fenrir

Re : [FIC] La place publique
« Réponse #8 le: 21 octobre 2015, 21:07:16 pm »
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Une suite de qualité, le mystère s'épaissit autour de la place. T'as raison de ne pas te presser.  ;)

Apparemment le début de ton histoire a marqué mon inconscient. Il y a quelques jours en m’endormant j'ai eu droit à la rêverie suivante : il faisait nuit noire, un brouillard s'élevait du sol et j'avais vue sur une petite place entourée de végétation, éclairée par un réverbère faiblard. Au fond de cette place un homme habillé tout en noir avec un chapeau se tenait debout dans le halo de l'éclairage, le visage caché dans l'obscurité. Ma vision s'est lentement approché de lui... J'ai pu apercevoir les traits de son visage humain, fermé et impassible (il ressemblait à Morgan Freeman). Puis d'un seul coup, à son corps s'est superposé un spectre lumineux (comme si je venais de le "scanner", dur à décrire), ce spectre ressemblait à une sorte de vampire éthérique au rictus infernal et aux petits yeux luisant de haine... Juste après je me suis réveillé et j'ai immédiatement repensé à ton histoire (je me demande même si je n'y ai pas repensé pendant la rêverie, je crois que j'étais conscient de rêver).

C'est fou, j'assimile le moindre bout de fiction. ^^

Re : [FIC] La place publique
« Réponse #9 le: 21 octobre 2015, 21:30:48 pm »
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;)

Ça m'encourage de continuer tout ça. D'ailleurs j'écris une petite suite à l'instant.
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Re : [FIC] La place publique
« Réponse #10 le: 21 octobre 2015, 22:49:38 pm »
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Le journaliste marche seul sur une route de campagne. Il rentre sa tête dans ses épaules pour se protéger du froid. On pouvait voir quelques monts à l'horizon et des chemins caillouteux se perdre dans la nuit.

Les mains dans ses poches, il tâtait son calepin et sa carte de presse en repensant à son entrevue avec le boutiquier. Son travail exigeait certaines choses dont il avait le luxe de se passer quand il laissait sa curiosité le guider. Et ce soir-là, elle l'avait guidé vers une rencontre d'apparence banale mais prégnante. Il le sentait. Il n'allait pas souvent de "l'autre côté". Trop longtemps habitué à travailler chez lui en tant que pigiste, il avait accumulé un désir d'exploration inné chez tous les journalistes mais assouvi par seule une poignée d'élus. Il voulait en être.

Un peu plus loin sur la route, il aperçoit le talus d'herbe tranché par une petite rangée d'escaliers menant à une porte en bois. En s'approchant, il voit que la porte est encadrée d'une façade décrépie et que cette façade se coiffe d'un toit imperceptible. La bâtisse était très près de la route, quasi invisible, un décor parmi le décor. Des morceaux de neige feraient presque tache dans ce coin de vie morte. Cette maison, c'était la sienne.

Il pénètre à l'intérieur et enlève ses chaussures. Avant d'appuyer sur l'interrupteur, à peine deux secondes s'écoulent pendant lesquelles ses tripes absorbent l'atmosphère de la pièce, avec sa cheminée éteinte et sa table de cuisine endormie. Deux secondes pendant lesquelles il croyait vivre dans une maison inhabitée. Cette pièce tirait sa lumière blafarde du parc d'activité situé à environ un kilomètre de là et par un jeu d'illusion espiègle, il croit voir des flammes danser dans le foyer ou mieux, des images s'agiter comme dans un écran de télévision. En allumant la lumière, cette illusion disparaît mais elle a subtilement laissé une impression qui trouvera sans doute une expression dans ses rêves cette nuit.

Après le repas, la douche et un peu de lecture, il se couche en repensant à sa journée et les événements marquants. Il était peu habitué aux entrevues mais grâce à sa culture cinématographique et à son instinct de curieux, il arrivait à se débrouiller. La veille, il avait reçu un appel téléphonique venant d'un numéro inconnu, une personne lui informant qu'il se passait des choses étranges de "l'autre côté" pendant la nuit, dans la ville la plus proche d'ici. Mais il ne souhaitait pas en dire davantage. Ses dernières paroles avant de raccrocher étaient : "Venez voir par vous-même dans le centre." Il avait décidé d'attendre un peu avant d'agir mais aujourd'hui il y était allé. C'est comme ça qu'il était tombé sur le boutiquier.

Quinze minutes plus tard, il était endormi. Une voiture passe à côté de la vieille bâtisse et ses feux de route éclairent sa chambre temporairement. La fenêtre est dessinée sur le mur par la lumière mais elle est déformée. Avec le passage de la voiture, le dessin lumineux s'anime grotesquement tandis que les autres objets de la pièce projettent des ombres à taille dansante. Il se tourne dans son sommeil. S'il avait été éveillé, il aurait peut-être remarqué un léger ralentissement du véhicule lors de son passage sur la route. Très léger.

Sa nuit était pleine de rêves de foyers de cheminée avec écran de télévision, de routes de campagne, de neige.

Et de places publiques.
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