Faible d'esprit
Chapitre 1Heureux l'idiot du village, cette expression tourne en boucle dans ma tête.
''Pourquoi ai-je voulu savoir aussi, je demandais rien moi au départ !!''
Ce que je m'apprête à faire va sans doute bouleverser toute mon existence et celles de beaucoup d'autres.
Je suis heureux, je manque de rien, j'ai une famille qui m'aime, mais pourquoi a-t-il fallu que je me retrouve ici à faire ça ? L'ignorance sans doute.
Mais ce n'est pas ma faute après tout, ce sont eux qui m'ont poussé à le faire, à me désigner avec leurs belles paroles d'évangile - Mes amis.
Que dis-je, amis virtuels d'un forum ! Mais comment ces inconnus ont pu me convaincre de le faire.
J'essaye de garder mon calme, cependant la petite voix dans ma tête n'arrête pas de me harceler depuis plusieurs minutes et ressasse sans arrêt son flot de paroles.
''Pourquoi as tu accepté, imbécile va, faible d'esprit !''
Comme a mon habitude, je culpabilise, mais cette dernière insulte me fait exploser intérieurement. C'est la goutte d'eau, il est temps à présent de reprendre la main.
'' Mais putain arrête, arrête, STOP, ferme ta gueule maintenant, sois juste vigilant, alerte, prêt à réagir. On a une chance de réussir si on s'associe, aide moi s'il te plaît, fais le pour nous, car si je tombe, tu tombes avec moi ! ''
Ma petite voix ne bronche plus, je comprends alors que mon coup de pression interne a fonctionné. Je me dis que c'est super facile en fait, mais surtout que ce n'est pas le moment pour faire une thérapie de groupe.
Je tente de détendre mon corps, respire profondément, reprends mes appuis correctement dans les marches de l'escalier.
''Tiens, c'est marrant comme ces Nike sont confortables, je n'ai pas mis de chaussettes et je ne sens même pas la transpiration me gratter les pieds. .''
'' Paul, merde !!, c'est tout ce que tu trouves à dire dans ce genre de moment, espèce de guignol, t'en as pas marre de ta folie ? ''
'' Tu veux vraiment que je te réponde ? Le plus fou des deux, ce n'est pas moi. Veux tu que je te rappelle au bon souvenir, alors met là en veilleuse, tiens justement faut se faire discret là ''.
Il est temps de le faire maintenant.
Arrivé au premier étage, je m'approche délicatement de la porte. Je suis à présent comme un félin en pleine chasse, sournois, malicieux, si agile dans ses gestes.
Il est là, juste à proximité, une espèce de jubilation m'envahit. La peur de rien et de tout se mélangent, c'est si bon, juste savourer ce moment avant que tout ne bascule. Je voudrais que ça dure une éternité, mon pic d'adrénaline est atteint quand...
Grr, Grr, Grr, Grr, Grr. Les faibles vibrations successives de mon timer m'annoncent qu'il ne me reste quelques dizaines de seconde pour réussir... ou pire... échouer avec toutes les conséquences que ça impose. C'est dommage, deux ou trois minutes de plus me permettraient d'anticiper la boucherie qui va suivre dans quelques instants. Le chirurgien qui sommeille en moi ne demande qu'à répéter ses gammes pour accomplir un travail bien fait.
'' Bon, je verrai bien, ça doit pas être sorcier de toute façon, mais j'espère que mes petits doigts guideront le cutter avec précision ''
'' Et voilà que ça recommence, tu veux peut-être prendre un petit café avant ? abruti !! ''
Je me raidis et bondis d'un coup comme un sauvage l'arme à la main en faisant valser la porte. Mes gestes sont désordonnés, ma vision est troublée dans la pénombre, mon cœur palpite à 100 à l'heure.
Je ne sais même plus comment je m'appelle, Bernard peut-être, je n'en sais foutrement rien.
Je sais seulement que je vais découvrir ce qui se cache dans la tête du meilleur rêveur lucide du monde. Me suffit juste de le tuer et d'ouvrir son crâne pour récupérer son cerveau afin que mes chers amis et moi l'analysions.
Le lit se trouve sur ma droite, mais c'est la confusion totale, personne ne dort dedans.
A peine le temps de tourner la tête pour trouver mon précieux, que quelque chose me stoppe net.
Il me semble que c'est la première balle qui atteint mon front.
To be continued...