En général quand on aborde le thème de la visualisation dans tout ce qui tourne autour de la pratique du RL, on fait référence aux techniques, à la rêverie, etc... Bref, on ne visualise qu'en dehors du RL justement, dans des états seconds de type sommeil léger, endormissement, etc... Ce qui est logique car ce sont des états propices : peu de référents visuels, on peut imaginer ce qu'on veut.
Vous comprenez où je veux en venir. Le rêve est par définition un monde visuel et la plupart du temps (même en RL, ce qui sera le sujet de ce fil) on n'a pas d'incidence directe sur le contenu. Vous êtes en face d'un décor, comme là assis devant votre ordinateur en train de me lire et ce que vous tentez d'imaginer n'a qu'un faible impact sur ce que vous voyez. Vous pouvez penser à ce que je raconte, à vos préoccupations du moment mais l'écran d'ordinateur est encore là, vous lisez encore ces lignes. Bien que le rêve lucide soit défini, en plus de la conscience de rêver, comme un monde qu'on peut influencer en grande partie, vous êtes sûrement nombreux à avoir déjà observé que malgré le caractère onirique et instable de ce monde, la persistance visuelle reste très forte : un RL idéal est un RL stable. Une fois qu'on s'est frotté les mains, que le décor est planté et que le réalisme est à couper le souffle, allez les faire apparaître les Schtroumpfs. C'est pas si évident.
Ce qui m'amène à cette idée : la visualisation en RL. Comme nombre d'entre vous je suppose, je l'ai testée instinctivement à plusieurs reprises, par exemple pour faire apparaître quelqu'un ou aller à l'endroit désiré. Or j'aimerais qu'on se penche plus sérieusement sur cette technique de contrôle onirique qui me paraît extrêmement sous-exploitée, pour des raisons qu'on devine : en RL, on préfère manipuler ce qui nous est déjà offert plutôt que de créer une situation de zéro. On fait au mieux avec les cartes qu'on a en main. On n'a pas tellement le choix surtout quand le temps manque.
Pourtant j'ai réussi à utiliser cette technique inconsciemment dans un RL mémorable. Je voulais me téléporter mais au lieu de me déplacer vers la destination désirée, j'ai préféré la visualiser. Résultat : quand je suis sorti de ma maison onirique, je me suis retrouvé à des centaines de km de mon village, dans un coin de montagne magnifique. Tout avait changé, les maisons ont été remplacées par des chalets, très peu nombreux d'ailleurs, dans tous ces cols montagneux. Je m'étais téléporté avec succès, sans avoir fait le moindre déplacement. Par contre la visualisation qui a précédé ce résultat a pris un peu de temps. Il a fallu que j'observe et commente, en présence de mon frère, le tableau de mon père accroché au mur. La visualisation s'est faite "en coulisses", un peu malgré moi.
Et je crois malheureusement que c'est la seule manière de procéder, au vu de tout ce que j'ai dit précédemment sur la stabilité visuelle du rêve. Mais quand même, je pense que ça vaut le coup de se pencher sur cette technique. Ce qui est frustrant dans un rêve lucide, c'est qu'on peut tout faire mais on a très peu de temps pour le faire, ça peut bloquer. Mais ça c'est un autre problème. Le problème qui m'intéresse dans ce fil c'est le côté paradoxal de la dualité visuel/mental : on est a priori dans un monde imaginaire or le réalisme et la crédibilité du monde qui nous entoure nous obligent à nous comporter comme dans la réalité. Par conséquent, on se trouve très rapidement limité.
Il existe pas mal de moment dans les RL où la visualisation est simple : noir onirique, instabilité soudaine, début ou fin de rêve... Mais pour l'instant l'expérience que j'ai me dicte que là où la visualisation volontaire marche le mieux et là où on devrait l'utiliser plus souvent, c'est quand le rêve est très stable, quand on a le temps de faire ce travail mental de visualisation. Mais ça reste quand même très compliqué tout ça.
Qu'en pensez-vous ?