1. Sur les sensAprès 8 mois, je continue de penser que l’attention portée à ses propres sensations et émotions ralentit le récit. Mais ralentir le récit ne veut pas dire perdre la lucidité, pourvu que l’on privilégie le mouvement (ici, lent), le toucher et la perception thermique.
Autrement formulé : L’attention portée à ses sensations ralentit l’action mais elle n’entrave, ni l’action elle-même, ni la lucidité. Seul le sens de la vue serait un piège, et je n’ai pas d’avis en ce qui concerne l’ouïe, l’odorat et le goût.
Mouvement (*): + + + favorise la lucidité, engage l’action, réoriente le récit.
Toucher: + + + favorise la lucidité, stabilise le récit.
Odorat: rarement expérimenté. Il me semble quand même que les odeurs fortes augmentent la qualité de présence dans le rêve.
Goût: ?
Vue: quand elle n’est pas associée aux autres sens, l’observation prolongée me fait perdre la lucidité. Je me perds dans les détails.
Le rêve s’effiloche. Je profite mieux du spectacle quand je suis attentive aux sensations kinesthésiques, tactiles ou thermiques (synesthésie) ou, mieux encore, quand j’atteins l’extase.
2. Sur la notion du « juste milieu »Par ailleurs, contrairement à ce que j’ai écrit en page 1, je ne pense plus que l’objectif soit de trouver le « juste milieu ».
Bien sûr, un onironaute est tout à fait libre de se fixer l’objectif du « juste milieu », mais je ne pense pas que ce soit le Saint Graal de la lucidité. Chacun peut, s’il le souhaite, mener cette quête afin de trouver un récit équilibré entre, d’une part, l’exploration intérieure/extérieure (chaud froid, doux vif, bruit silence, etc.) et d’autre part, des bagarres, des dialogues, des exploits sexuels, etc. Mais, dans ce cas, il atténue les traits de sa personnalité onirique. Un peu dommage, non ?
Ce que je veux dire, c’est que la meilleure solution peut être, ou bien peut ne pas être, de compenser ses aptitudes. J’ai déjà parlé des 2 grands profils. Il y a les rêveurs qui sont plutôt des « explorateurs » sensoriels, et des rêveurs qui sont plutôt des « intervenants ».
3. Sur le développement des capacités sensoriellesJe constate que je peux atteindre un haut niveau de lucidité, et le maintenir, en forçant le trait. En tant qu’exploratrice, je me rends compte que la forme globale de mes rêves n’a pas évoluée et que ma quête de lucidité reste orientée vers l’extase, la joie ou la simple contemplation.
En fait, à ce stade, il me semble que j’ai développé 2 stratégies pour maintenir mon rêve :
1. appeler des sensations kinesthésiques, tactiles ou thermiques, par exemple : je me mets à courir, je serre les poings, l’air devient froid, etc. En tant qu’exploratrice et hyper-sensible, c’est plutôt cette option qui me vient spontanément à l’esprit, pendant que je rêve.
2. agir, c'est-à-dire prendre une décision et peu importe laquelle, pourvu que le récit prenne une nouvelle direction. Or, agir revient le plus souvent à bouger, donc à développer les illusions kinesthésiques !
Je peux donc continuer à privilégier l’approche sensorielle, si je me concentre sur les stimuli qui créent une dynamique. Si je poursuis mon raisonnement,
les "explorateurs" ont intérêt à favoriser une approche sensorielle dynamique, sans chercher à compenser.
4. Sur la technique du scénario (le recul)SRV avait également introduit une notion de recul. La discussion ne concernait plus l’antagonisme entre l’action et la perception (sujet initial), mais entre l’action et la réflexion, avec la notion de recul en pivot.
En bref, quand le rêveur a pris de la distance, il a les meilleures chances de remettre en question son environnement et devenir lucide. 1er exemple : le rêveur observe longuement son environnement, le récit ralentit, l’esprit critique est favorisé. 2ème exemple : dans un cauchemar, c’est le sursaut de panique qui impose la distance et déclenche la lucidité.
À l’inverse, le manque de recul accélère le récit jusqu’à provoquer des ellipses, où le rêveur saute d’une scène à une autre, au détriment de l’analyse.
Parfois, le rêve s’effondre.
Pour déclencher et maintenir un haut niveau de lucidité, ce n’est donc pas un juste milieu qu’il faut trouver entre la perception et l’action, mais plutôt la « bonne distance » qu’il faut trouver dans son propre rêve, le niveau optimal d’implication.
Aujourd’hui, je me dis que cette approche, ce que SRV appelle
la technique du scénario est peut-être plus gratifiante pour les «intervenants» que pour les «explorateurs», car elle exige de pouvoir se poser facilement les questions, pendant le rêve « Où est-ce que je suis dans mon rêve? Quelle position je tiens dans cette situation ? ».
(*) Le mouvement est notre 6ème sens. C’est un fait encore peu connu. Il nous a fallu plus de temps pour le découvrir, car les organes récepteurs du mouvement sont internes, donc invisibles (contrairement au nez, aux yeux….). Alain Berthoz. Le sens du mouvement (Odile Jacob)http://www.attrape-songes.com/forum/exploration-de-l-univers-onirique/le-sport-irl-et-rl/msg93417/#msg93417