Coucou tous!
Depuis un paquet de temps, c’est-à-dire des années, je me disais qu’il faudrait qu’un jour je raconte ici comment je vivais mes RL d’enfance. Sur le forum on a bien sûr souvent eu des évocations par des rêveurs lucides naturels, se limitant à “ah oui quand j’étais petit je faisais ceci ou cela”. Mais pas de témoignage détaillé, ni de véritables récits complets de RL d’enfance. Je crois aussi qu’en fait, des enfants faisant des RL, à la fois
régulièrement, et à la fois
véritablement exploités, c’est finalement assez rare (j’ai lu très peu de témoignages comme le mien ici). Pour autant, je ne crois pas que je pourrais raconter en détail mes RL de gamine qui ont maintenant plus d’une dizaine d’années (je les ai fait entre mes 10 et 14 ans), mais j’ai en mémoire suffisamment de scènes et de réflexions que j’avais à l’époque, je pense, pour essayer de vous transmettre un peu comment la petite fille de 10 ans que j’étais vivait sa lucidité. J’essaierai d’illustrer mes idées avec, justement, des extraits de récits de mes RL de l’époque.
Dommage que je n’ai pas fait ça plus tôt car j’ai forcément oublié plein de choses, dont je me souvenais probablement encore à mon inscription (quand j’avais 14 ans…). Du coup je vais essayer de classifier les choses, sachant que ça ne sera pas forcément chronologique.
1) Premières prises de consciencePour commencer, je ne peux pas dater mes premières prises de lucidité, mais ça date d’avant mes 10 ans ça c’est certain. Je faisais les classiques cauchemars dans lesquels je me rendais compte que je rêvais, et je forçais le réveil pour échapper à la situation angoissante. Souvent dans des rêves de courses poursuite, mais aussi dans d’autres cauchemars récurrents. Pour ça je fermais les yeux très “fort”, je criais de façon à ce que le son soit si fort que ça me tire du sommeil, ou encore je me répétais en boucle “réveille toi ! réveille toi !”. Je ne suis pas convaincue qu’on puisse réellement appeler ça des RL car pour moi cette lucidité naturelle que beaucoup de gens rencontrent dans l’enfance (et plus tard) est tellement faible que, oui, elle colle à la définition de RL au sens large on va dire (le rêveur sait qu’il rêve), mais clairement pas à celle du RL au sens strict. Quand je parle de RL au sens strict, je pense aux critères donnés par Paul Tholey :
- le rêveur sait qu'il rêve ;
- il dispose de son libre arbitre ;
- d'une faculté normale de raisonnement ;
- d'une perception à travers les cinq sens comparable à la normale.
Dans le cas de cauchemars lucides, on a beau savoir qu’on rêve -et on en profite d’ailleurs pour précipiter le réveil- on ne peut pas dire que notre faculté de raisonnement soit normale car on devrait être capable de réaliser le côté infondé et irrationnel de notre peur. On devrait avoir conscience qu’on peut court-circuiter la menace et reprendre le contrôle. Or, ce n’est pas le cas. Donc pour moi ça reste des prises de conscience, des prises de semi-lucidité, mais pas des RL au sens strict.
2) Premières expériences réellement lucidesJe me souviens d’un RL que j’avais fait le lendemain de la mort d’un de mes chats. C’était de la voir en rêve qui m’avait fait tilter immédiatement quant à l’irréalité de la situation. Je me souviens que dans le rêve je l’avais trouvée après m’être déplacée dans un décor avec plein de draps blancs qui pendaient (comme si il y avait des fils à linge très rapprochés). J'ai vu la Lune, qui était bleue. Je ne sais plus bien ce qui s’est passé de plus, mais quand j'ai vu la chatte j’ai réalisé que je rêvais car il était impossible que je sois dans la réalité (étant donné qu’elle venait de mourir IRL), et cette fois ce n’était pas dans un cauchemar. Je ne suis pas certaine qu’il s’agisse de mon premier RL, car j’ai des souvenirs incluant des personnages datant d’avant…
En tout cas suite à ce (ou ces) premier(s) RL sans nécessité de me réveiller de force, j’ai passé un vrai cap car j’ai compris ce que je n’avais jamais envisagé : je ne suis pas obligée de me réveiller, et surtout, je peux faire ce que je veux ici !
3) Partage et pratiqueAprès plusieurs épisodes de ces rêves en toute conscience, dans lesquels je faisais ce que je voulais (je détaille plus bas le genre de choses que je pouvais faire), j’en ai parlé à mon père et à ma sœur. Évidemment, j’ignorais tout du terme de rêve lucide, je décrivais ça comme des rêves dans lesquels j’étais consciente et dans lesquels je pouvais faire ce que je voulais. Je me souviens que je comparais ça au jeu
GTA.

Mon père était convaincu qu’il était impossible de diriger ses rêves consciemment, et me répondait qu’en réalité, je rêvais d’être consciente, sans l’être réellement. Ça me mettait le doute, mais à chaque fois que j’en refaisais, et en particulier quand ma lucidité était haute (ce qui n’étais pas super fréquent pour le coup), je me disais que je ne pouvais pas me tromper. J’étais bel et bien consciente.
Ma sœur, quant à elle, s’est mise à en faire après moi, probablement à force d’entendre mes récits. On ne savait pas comment en faire davantage, mais assez vite on a quand même compris que pour être conscientes dans nos rêves, il fallait être conscientes dans la réalité. On a alors mis en place un petit jeu au cours duquel de temps en temps dans la journée, l'une allait voir l’autre en lui demandant “est ce que tu es en train de rêver ?”. On n’avait pas de test de réalité pour répondre à cette interrogation, mais elle semblait suffire à faire émerger la lucidité dans nos rêves. Quand on dit que c’est la remise en question qui prime lors des TR, je pense que cette petite anecdote en est l’illustration la plus parlante. Deux petites filles qui s’induisent la lucidité sans TR, mais simplement en se posant la question dans la journée. Je me souviens aussi que souvent, quand je faisais pipi en rêve, ça avait tendance à me réveiller IRL et que ça mouillait légèrement ma culotte (genre trois gouttes). Du coup, à chaque fois que j’allais aux toilettes IRL, je me posais la question avant de me soulager, au cas où. Le souci c’est que je ne me souviens pas si ça m’a déjà induit la lucidité dans des rêves de toilettes ou non…
4) Je fais ce que je veuxLes premières choses que j’ai faites en toute conscience de rêver étaient somme toute assez puériles mais en même temps vu l’âge que j’avais, c’est logique. L’aspect subversif a tout de suite été très attirant pour mon espièglerie alors je ne me suis pas trop intéressée aux possibilités très alambiquées : juste braver l’interdit était quelque chose d’excitant pour moi. Je me souviens de plusieurs fois où je réalisais que je rêvais dans des RN d’écoles, en pleine classe. Je m’amusais alors à me mettre debout sur ma table, shooter dans mes cahiers, danser sur ma table aux yeux de mes camarades oniriques ébahis et de l’institutrice outrée. Je me souviens aussi particulièrement d’en avoir profité pour insulter mes parents ou mes instits oniriques. Vraiment, au début tout ce qui m’intéressait c’était de défier les lois établies en quelques sortes. Plus d'une fois je me suis faite avoir à mon propre jeu, notamment une fois une instit qui m’avait embrouillée suite à mes turbulences lors de son cours onirique. Je lui avais rétorqué “je m’en fous je rêve !!” et elle m’avait répondu que c’était n’importe quoi, que ce n’était pas un rêve etc. Pas très sûre de moi (et n’ayant pas de TR pour vérifier), je me faisais souvent avoir dans ce genre de situations et je me suis rassise à ma chaise honteuse et confuse, la lucidité s’étant envolée. Je me souviens qu’au réveil de ce RL en particulier j’étais super choquée de l'aplomb de ce PR et de son “esprit d’initiative” en quelques sortes. Je pense que cette situation m’a fait très vite comprendre que le rêve n’était pas forcément d’accord avec la lucidité et que les PR pouvaient essayer de me la faire perdre. Une autre fois, lucide dans la cour de mon école, j'étais partie en courant vers le portail pour sortir et une surveillante m'avait rattrapée par le bras. Encore la même conversation, moi, sûre de rêver, et elle me répondant du tac au tac que je raconte n'importe quoi. Là encore, je suis piteusement retournée dans la cour comme si j'étais IRL.
Sinon je me souviens aussi d’une gamine que je n’aimais pas IRL, et avec ma sœur qui ne l’aimait pas non plus, on s’était fixé comme objectif de la faire apparaître et de lui mettre la misère. Pas de violence physique, mais tout simplement l’insulter, l’humilier etc., ça nous amusait. Je ne sais pas si c’était très sain ou pas, avec le recul, mais à la limite il vaut mieux faire ça en rêve qu’en réalité ?
Un objectif un peu plus léger que j’avais eu aussi, c’était de manger des aliments que j’adorais et qui m’étaient interdits IRL (comme le Nutella). Je me souviens d’un RL dans lequel j’étais dans ma chambre et je descendais les escaliers à toute vitesse pour atteindre la cuisine en bas, et je priais intérieurement pour atteindre le rez de chaussée avant de me réveiller. Ensuite j’ai ouvert un placard et je me suis enfilé un pot sans vergogne. Je me souviens aussi de m’être beaucoup amusée à briser des vitres, lancer de la vaisselle par terre. Finalement avec le recul je trouve ça logique que les premières idées qu’un enfant a en RL ne soient pas de se lancer dans des trucs extraordinaires, mais juste de braver les interdits. Je pense que c’était aussi une forme de tâtonnement : ça me montrait ce qu’il était possible de faire, comment me déplacer dans ces décors irréels, comment réagit la matière quand on la manipule, la détruit, par ce biais là j’ai découvert les premiers “bugs” oniriques (les verres qui refusent de se casser même quand je les balance de toutes mes forces dans un mur, etc…).
5) Échanges avec les personnages Comme j’ai déjà commencé à l’évoquer, le problème de pouvoir tester la réalité s’est imposé à cause des PR qui me faisaient douter de ma lucidité. En général la prise de lucidité était nette et sans encombre, mais au cours du RL certains événements pouvaient me faire douter. Dans ce type de situation, il est arrivé une fois que je demande carrément à une copine onirique qui m’accompagnait “est ce que je suis en train de rêver ?”. Elle s’est mise à avoir une drôle de réaction, bafouillant, cherchant ses mots, le regard fuyant. Son attitude bizarre m’a permis de confirmer que je rêvais, et suite à ce RL j’ai utilisé cette technique à chaque fois que je doutais. Il me suffisait de demander à quelqu’un si je rêvais, et de guetter son hésitation / son “bug”, pour avoir une confirmation. Je ne crois pas que j’utilisais ce TR de fortune dans la réalité, mais seulement en RL. Le TR peut être un inducteur de lucidité (je m’en suis rendue compte bien plus tardivement), mais à ce stade j’avais des prises de conscience spontanées, je savais instinctivement que je rêvais, le TR n’étant là que pour m’aider en cas de doute.
Toutefois à un moment, quand j’étais un peu plus âgée (au collège), dans un rêve j’ai demandé à mon amie A. si je rêvais et elle m’a répondu très naturellement, ce qui m’a troublée. Je ne sais plus ce qu’elle m’a dit mais c’était très cohérent et plausible, ça m’a bien déroutée. J’ai vu la limite de ma vérification, et pendant tout une période suite à ça j’avais pour objectif de tester A. en lui posant toutes sortes de questions en RL, car je la considérais comme un PR particulier. Je me souviens que je lui en parlais IRL et ça l’amusait beaucoup. En revanche, pas trop de souvenirs de nos échanges lucides, ce que j’ai bien pu lui demander, ce qu’elle me répondait… Seulement que j’essayais tant bien que mal mon “TR” sur elle, et que des fois, elle finissait par buguer comme les autres PR. J'ai aussi testé des répliques sur de nombreux PR (souvent les provoquant en leur disant qu'ils n'existent pas) pour voir leurs réactions, etc...
6) Personnages décédésJe ne sais plus comment ça a commencé, mais à un moment pendant ces 4 ans de RL naturels, j’ai eu comme objectif de faire apparaître mes animaux de compagnie décédés IRL. Je me souviens d’un RL en particulier dans lequel j’étais dans la maison de mes parents et j’étais descendue à la cave pour être tranquille. Je n’avais rien dit, rien fait, juste je m’attendais naturellement à y trouver mes deux hamsters (morts dans la réalité), et tout d’un coup ils étaient là, crapahutant sur les tuyaux qui sortaient du plafond. Je me souviens qu’après ces premières prises de contrôle un peu “surnaturelles” (utilisant des vrais pouvoirs), je me suis vite aperçue que ma réussite dépendait de si j’y croyais ou non. Je disais souvent à ma sœur qu’il fallait y croire très fort et n’avoir aucun doute, d'ailleurs ça me fait penser à
l’extrait de vidéo que Djazz a partagé aujourd'hui, drôle de coïncidence.
J’ai fait ça quelques fois avec des animaux, mais je n’ai jamais osé essayé avec des proches humains. Sauf une fois, avec le grand père d’une amie (que j’avais déjà rencontré IRL mais je le connaissais à peine), ça m’impressionnait moins étant donné la distance affective.
J’ai fait un RL dans lequel j’étais sur un chemin de campagne, et je l’ai appelé par son prénom. Il est apparu sans encombre, et je me suis mise à lui parler, ne sachant que dire, j’ai improvisé et lui ai demandé si il voulait que je transmette un message à sa fille (la mère de ma copine, donc). Il m’a répondu qu’il fallait que je parle de Soeur […] (le nom d’une religieuse) à sa fille. Après ce RL, j’en avais parlé à ma copine et je m’étais demandé si il fallait que j’en parle à sa mère. Ça m’avait beaucoup déboussolée, ce n’était pas très sain à mon âge je m’étais sérieusement demandé qui j’avais croisé, est ce que c’était l’esprit de son grand père ? Est ce qu’il fallait que je prenne son message au sérieux et que je le transmette? J’avais d’ailleurs un peu parlé de cet épisode dans un
topic sur les enfants et les RL (et pourquoi moi je n’étais pas spécialement pour les encourager à en faire).
7) Croyances limitantesAprès la subversion, et mes premières observations quant aux “pouvoirs” que j’avais dans ce monde inédit, j’ai essayé quelques trucs assez simples comme traverser les murs ou encore faire de grands sauts (presque du vol, sans en être). Mais pour autant, quelque chose m’a complètement échappé, je n’ai pas compris l’étendue des possibilités. En arrivant sur le forum ça a un peu été le choc quand j'ai découvert qu’on pouvait aller sur une autre planète, voler, changer de corps etc… Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais avant j’avais des sortes de croyances me donnant l’impression que c’était impossible, dans le sens que je ne l’avais jamais ne serait-ce qu’envisagé. Pour moi, la gravité était certes différente en rêve, mais quand même présente. Je n’avais vraiment pas conscience du contrôle qu’on (je) pouvait avoir sur le rêve. Et je prenais toutes les réflexions des PR très au sérieux (ça me fait penser aux RL de Mansaoba ça), j'étais très tributaire de mes croyances. J'avais aussi des peurs infondées genre peur de l'obscurité, là encore, découlant d'oniro-croyances.
8.) Exploration et contemplationIl y a autre chose que je suis obligée d’aborder, c’est le choc qu’a induit un RL en particulier. Je me suis rendue compte que je rêvais dans un décor très ensoleillé, je me souviens qu’il y avait des enfants en train de jouer, des voiturettes en plastique pour bambins etc. Mon niveau de lucidité dans ce RL était très élevé et m’a fait l’effet d’une véritable révélation. J’ai regardé autour de moi les PR faire leur vie, la lumière, etc. Je me suis approchée d’un mur et je l’ai juste regardé attentivement, il était bétonné avec des tas de fissures, imperfections, saletés. C’était vraiment très réel et ça m’a limite fait un peu peur. Je me suis clairement dit qu’au niveau du réalisme, il n’y avait tout bonnement aucune différence avec le monde réel. Au réveil, ça m’a fait bien cogiter et je me souviens m’être dit tel quel “Il y a autre chose”. Sans pour autant mettre de mots là dessus, j’avais toujours cru que le monde était la réalité dans laquelle je me réveillais tous les matins, et que ce n’était qu’ici qu’on pouvait “exister” en quelques sortes. Et là tout d’un coup je découvrais qu’il y avait “autre chose”, un autre endroit où je pouvais exister. C’était quelque chose de très positif, mais ma grande frustration était de ne pas pouvoir l’expliquer à quelqu’un d’autre (je ne suis même pas sûre d’avoir parlé de ce sentiment à ma sœur en fait ?).
J’ai eu d’autres RL comme ça au cours desquels je me contentais de toucher tout ce qui était autour de moi, écouter le vent, regarder les PR faire leur vie comme s'ils étaient en autonomie par rapport à moi. C’était vraiment fascinant de découvrir un truc pareil dont personne ne m’avait jamais parlé avant. J’avais la (très humble

) sensation d’avoir découvert un autre continent.